Patrimoine Mondial
La reconnaissance de l’élevage agro-pastoral
Pratiquement chacun des types d'organisation pastorale rencontré sur le pourtour de la Méditerranée (agro-pastoralisme, sylvo-pastoralisme, transhumance et pastoralisme sédentaire) est présent. En ce sens, ils ont une valeur universelle. Depuis trois millénaires, l'interaction majeure entre l'homme et le milieu naturel est reconnue comme constituant d'un paysage culturel car c’est la pérennité de l’agro-pastoralisme dans les Causses et les Cévennes qui garantit non seulement l’authenticité mais également l’intégrité de ces paysages. La zone a une vitalité remarquable résultant du vif renouveau des systèmes agropastoraux, elle est un exemple majeur et viable de l'agro-pastoralisme méditerranéen. Sa préservation est nécessaire. A ce titre, lors de la session du 28 juin 2011, le Comité du Patrimoine mondial de l'Unesco a adopté la déclaration de valeur universelle exceptionnelle des Causses et des Cévennes, paysage culturel de l'agro-pastoralisme méditerranéen, sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité.
Justification de l'inscription des Causses et Cévennes au Patrimoine Mondial
Critère (iii) : Les Causses et les Cévennes présentent un exemple exceptionnel d'un type d'agro-pastoralisme méditerranéen. Cette tradition culturelle, basée sur des structures sociales et des races ovines locales caractéristiques, se reflète dans la structure du paysage, en particulier dans les modèles de fermes, d'établissements, de champs, de gestion de l'eau, de drailles et terrains communaux de vaine pâture et dans ce qu'elle révèle sur le mode d'évolution de ces éléments, en particulier depuis le XIIe siècle. La tradition agro-pastorale est toujours vivante et a été revitalisée ces dernières décennies.
Critère (v) : Les Causses et les Cévennes, peuvent être considérées comme un agro-pastoralisme méditerranéen exemplaire et, plus précisément, représenter une réponse commune au Sud-Ouest de l'Europe. Les zones du paysage illustrent de façon exceptionnelle la manière dont le système s'est développé au fil du temps.
Source : UNESCO / ICOMOS
Histoire
Histoire des Causses et Cévennes
Préhistoire
A la fin de l’époque nomade, vers 2500 avant J.-C., les pratiques funéraires évoluent, on passe de la tombe individuelle à la sépulture collective, en grotte ou sous dolmen. Des centaines de menhirs et de dolmens sont érigés dans la zone des Grands Causses et du mont Lozère.
Antiquité
Dans l’Antiquité la région est habitée, son territoire est mis en valeur par les cultures. Les ressources comme le minerai ou le bois (production de bois d’œuvre ou production de combustible) sont exploitées. Des ateliers gallo-romains de terres cuites (poteries, tuiles) sont présents et permettent de développer le commerce.
Le Moyen-Age
Au moyen-Âge la zone est constituée de quatre comtés et cinq diocèses. Chacun a amené son propre style architectural roman. Ainsi le site est composé d’une grande variété d'églises aux influences architecturales diverses mais qui sont toutes romanes. Ces églises, portant l’appellation d’église romane cévenole, ont fondé une identité religieuse commune à la région.
Agriculture
Un terroir agricole est identifié au XIIe siècle dans les Cévennes. Les cultures y sont organisées en terrasse. Le développement des seigneuries monastiques entraîne l’extension des zones de pâturage sur les hautes plaines. Les moines, aidés des bergers, ouvrent leurs herbages à la transhumance des troupeaux en provenance des plaines du Languedoc. A cette époque les vergers de châtaigniers (appelé également arbre à pain) introduits par les Romains, s’étendent sur de vastes zones afin de faire face à la demande d’une population rurale toujours plus nombreuse. L’extension de l’économie agropastorale façonnera le paysage pendant des siècles autour de ces activités.
La guerre des Camisards
En 1685, sous Louis XIV, l’édit de Nantes est révoqué, la tolérance religieuse vis à vis des protestants est mise à mal. Les paysans protestants des Cévennes (Huguenots) se révoltent et en 1702 la guerre éclate. Elle durera près de 10 ans. Les Camisards mobilisèrent jusqu’à 10 000 hommes. Mais ça n'était pas suffisant pour lutter contre les armées du roi. Ils capitulèrent donc sans que les protections, dont ils bénéficiaient sous l’édit de Nantes, ne leurs soient à nouveau garanties. Nombreux sont ceux qui choisirent l'exil à l'étranger.
Epoque Moderne
A partir du XVIIIe siècle débute la sériciculture (culture du ver à soie). Les Cévennes vont connaître un véritable âge d’or. L’architecture est modifiée, de nouvelles terrasses sont aménagées, des centaines d’usines à soie sont construites. Ainsi le paysage cévenol va considérablement être marqué jusqu'au début du XXe siècle.
L'exode
A partir du XIXe siècle et jusqu’aux années soixante, l’exode rural est important et la région se dépeuple brutalement. Au recensement de 1968, il ne subsiste plus que 30 % de la population de 1850.
La reprise
Au début des années 1970, un vaste mouvement de retour à la nature de jeunes urbains favorise un renouveau démographique qui se confirme encore aujourd’hui. Des villages "renaissent", et ce développement démographique s’accompagne d’un modèle de développement économique basé sur le terroir et sa mise en valeur : pérennisation des activités agropastorales, diversification vers d’autres activités, tourisme de nature… Les Causses et les Cévennes revivent. Les prairies et les drailles sont entretenues par le renouveau du pastoralisme, les terrasses remises en culture, le patrimoine bâti est restauré et occupé par de nouveaux arrivants.
Par le passé les exploitations ne comptaient souvent que quelques dizaines de brebis et quelques chèvres qui rejoignaient tous les ans les troupeaux venus des plaines pour monter à l’estive. C’était la transhumance verticale, caractéristique du pourtour méditerranéen. Aujourd’hui les cheptels sont plus importants mais les systèmes sont restés très proches des systèmes traditionnels. Le pastoralisme transhumant concerne une centaine d’éleveurs et 125 troupeaux totalisant environ 23 500 têtes. Les revenus du pastoralisme sont fréquemment complétés par une autre activité agritouristique ou agricole, comme les cultures fruitières ou maraîchères.
Aire classée
Aire classée au Patrimoine Mondial
Le site s'étend sur un vaste territoire de 3000 km2 au sud du Massif central. Il englobe une partie du Parc National des Cévennes et du Parc des Grands Causses. Il est à cheval sur deux régions (Languedoc-Roussillon, Midi-Pyrénées) et quatre départements (Aveyron, Gard , Hérault, Lozère). Cinq villes en ouvrent l’accès : Alès à l’Est, Ganges au Sud-Est, Lodève au Sud, Millau à l’Ouest et Mende au Nord.
On distingue quatre grands ensembles
Les Causses et les Cévennes présentent, dans un cadre naturel grandiose, une diversité de paysages qui appartient à un même ensemble façonné depuis des siècles par l’homme. Ce socle qui les relie c’est la culture de l’agropastoralisme. Cette culture est incarnée aujourd’hui par son patrimoine immatériel : les savoir–faire ancestraux et des paysages d’exception façonnés par l’homme. Elle combine l’action de la nature et de l’homme depuis trois millénaires, représentant la relation étroite existant entre les systèmes agropastoraux et leur environnement naturel.
Les vallées cévenoles sont caractérisées par les terrasses, l’architecture du schiste, la végétation rappelant l’âge d’or de la châtaigneraie et le patrimoine bâti de la sériciculture (élevage des vers à soie). Le bâti des vallées cévenoles, en schiste, élevé sans fondations à même le rocher préalablement taillé, est particulièrement intégré à son environnement.
Les monts Aigoual et Lozère sont composés de prairies et de troupeaux transhumants et de massifs forestiers plantés à la fin du XIXe siècle. Les constructions en granite sont massives et composées de lourds blocs. Elles ont l’apparence de forteresses.
Les Causses, plateaux karstiques modelés par des siècles d’agro-pastoralisme, sont un bel exemple d’adaptation de l’homme aux conditions environnementales. Le bâti est ici construit en pierre calcaire, seul matériau disponible.
Les vallées et gorges sont aménagées en terrasses. Comme sur les Causses, l’architecture est faite de calcaire.
Paysages culturels
Paysages culturels des Causses et Cévennes
Les paysages façonnés
Le territoire conserve de nombreux témoignages de l'évolution des sociétés pastorales sur plusieurs siècles. L'importance du patrimoine bâti, les caractéristiques paysagères, la transmission des savoir-faire ancestraux, reflètent le pastoralisme traditionnel et sa préservation.
Les drailles
Depuis toujours, la circulation des bergers et de leurs troupeaux entre la plaine et les pâturages se fait par des chemins utilisés pour la transhumance, ce sont les drailles. Dans le sens plaine–montagne en été, et en sens inverse en hiver. Les drailles représentent un des éléments majeurs dans la préservation des traditions agro-pastorale. Elles suivent les crêtes des chaînes montagneuses, empruntent les cols, tout en évitant autant que possible de descendre dans le fond des vallées, ce qui ralentirait l’avancée des troupeaux. Les principales drailles sont les collectrices de l’Asclié, la Luzette, de Jalcreste et du Malons.
Les voies de communication dans l’Antiquité
La voie Régordane
Elle permettait de relier le Languedoc au Massif Central. Son existence est attestée par les textes dès le XIIe siècle. Des vestiges sont visibles dans les départements du Gard et de la Lozère à Concoules, Génolhac.
La voie de Coudoulous
Cette bretelle reliait la voie Régordane à la draille du Languedoc (mont Lozère). Elle va de Portes jusqu’au col de la Croix-de-Berthel sur la commune de Saint-Maurice-de-Ventalon.
Le bâti
Villages et bâtiments de ferme
Le bâti des vallées cévenoles, en schiste, est particulièrement intégré à son environnement. Autour des monts Lozère et Aigoual, les constructions, en granite, sont massives. Elles ont l’apparence de forteresses. Sur les Causses et les gorges, le patrimoine bâti est constitué de calcaire, seul matériau disponible. Les villages et les grandes fermes en pierre, situées sur les terrasses des Causses, reflètent l'organisation des grandes abbayes à partir du XIe siècle.
Les clochers de tourmente
Très répandu, en particulier dans les villages autour du Mont Lozère, les clochers de tourmente servaient à guider les voyageurs par temps de tourmente (tempête de neige ou brouillard) afin d’éviter qu’ils ne s’égarent et meurent de froid. Ainsi par mauvais temps on faisait sonner les cloches simultanément nuit et jour pour les guider, tout comme le ferait un phare pour les bateaux. Ils furent édifiés autour du XIXe siècle.
Les châteaux de l'an mil
Disséminées sur l’ensemble du territoire, ces tours fortifiées marquent le début de la féodalité. Elles composaient des ensembles plus vastes détenus par de petits seigneurs locaux recherchant l’indépendance vis à vis de la tutelle comtale. Ces édifices sont en parfaite harmonie minérale avec leur environnement, en particulier dans les gorges du Tarn.
L'église romane cévenole
Au cours du 1er millénaire, les institutions religieuses deviennent de plus en plus puissantes et à partir du XIe siècle elles vont faire construire de nombreuses églises et vont définitivement marquer le paysage Cévenol dont elles font intégralement partie.
L’utilisation de la pierre (schiste, karst ou grès en fonction de la région) comme matériau pour la construction a permis une intégration parfaite des églises dans le paysage. Selon la qualité de la pierre, la sculpture est plus ou moins utilisée, abondante lorsque le grès est utilisé (car facile à sculpter), quasi inexistante dans les régions schisteuses (pierre trop dure).
Les maison-fortes
Résidences des seigneurs, elles apparaissent à la fin du Moyen-Âge. Leurs fortifications (tours crénelées) sont plus esthétiques qu’à usage défensif.
Les petits bâtis annexes
Les lavognes
La lavogne est une mare naturelle ou aménagée qui recueille le ruissellement de l’eau de pluie pour abreuver les troupeaux de brebis. Elle est aussi fréquentée par les animaux sauvages. La conservation et l’entretien de ces points d’eau sont nécessaires pour préserver la biodiversité sur les Causses.
Les bergeries ou jasses
Les troupeaux pâturent sur de grandes étendues et quand les terres de pâturage ou les parcours sont éloignés de la ferme, on construit des jasses pour passer la nuit.
Les terrasses de culture
Les contraintes géographiques doivent être dépassées au prix de travaux importants et réguliers pour construire et entretenir ces terrasses et leurs murets. Ces paysages comportent des valeurs esthétiques au croisement de la nature et de la culture. Le blé était cultivé sur les sols calcaires, le seigle sur le granite ou le schiste.
Autre patrimoine bâti annexe : les clèdes (séchoir à châtaignes), les aires à battre (espaces en pierre permettant de battre le grain des céréales). Le petit bâti contribue au patrimoine architectural et paysager agropastoral.
Réserve Biosphère
Le Parc national des Cévennes a été désigné réserve de biosphère par l’Unesco en 1985. Le fondement d’une réserve de biosphère est la conciliation entre conservation de la biodiversité, développement économique et social, maintien des valeurs culturelles qui y sont associées.
Un territoire vivant
Une réserve de biosphère est un territoire vivant, choisi pour être le terrain d’application du programme "Man and biosphere" de l’Unesco. Celui-ci consiste à promouvoir un mode de développement économique et social basé sur la conservation et la valorisation des ressources locales, et pour lequel la participation citoyenne est favorisée.
Transports
Cinq villes ouvrent l’accès au site classé au patrimoine mondial : Alès à l’Est, Ganges au Sud-Est, Lodève au Sud, Millau à l’Ouest et Mende au Nord.
Venir sur le site des Causses et Cévennes
En voiture
Le moyen de transport le plus pratique pour visiter le site, notamment si vous voyagez en famille.
Liaisons avec les sites classés
Du pont du Gard à Florac, par Alès : 113 kms, durée : 2h15
De Arles à Florac, par Alès : 141 kms, durée : 2h30
Canal du Midi (Béziers) au Vigan, par Lodève : 115 kms, durée : 2h.
En train
Ce n’est pas très pratique, il n’y a pas de gare ferroviaire à l’intérieur du site.
En bus interurbains
Différents réseaux de bus opèrent des liaisons avec le site depuis les villes d’accès.
Conseil Général de la Lozère
5 Rue de la Rovère, 48 000 Mende
Site internet - Tél : 04 66 49 66 66.
Conseil Général de l'Aveyron
Place Charles de Gaulle,
12000 Rodez
Site internet - Tél : 05 65 75 80 00
Gare routière de Millau
Rue Belfort
, 12100 Millau
Site internet - Tél : 05 65 59 89 33
Conseil Général de l’Hérault - Hérault Transport
Avenue du Professeur Viala, 34000 Montpellier
Site internet - Tél : 04 34 88 89 99.
Conseil Général du Gard - Edgard
Rue Guillemette,
30000 Nîmes
Site internet - Tél : 0 810 33 42 73.
NTECC
15 Rue du Général de Gaulle, 30100 Alès
Site internet - Tél : 04 66 52 31 31
Ligne 72 ou 81: Alès-Anduze-Saint Jean du Gard
Se déplacer
Rien de tel que la pratique sportive pour découvrir à son rythme les richesses du site classé. Randonnées à pieds, à VTT ou à cheval.
Les sentiers de promenade et de randonnée
Pour faire des balades familiales de quelques kilomètres, il existe de nombreux topoguides édités par les parcs des Cévennes et des Causses. Il est aussi possible de faire des randonnées sur plusieurs jours sur les chemins de Grande Randonnées (GR), de nombreux sentiers traversent le site de part en part.
A vélo
Il est possible de parcourir le site en vélo mais ce mode de transport doit être réservé aux sportifs car les dénivelés sont importants. Des circuits VTT balisés existent sur le causse Méjean et le massif de l’Aigoual. Se renseigner auprès des offices de tourisme.