Au début du XIIIe siècle, Bourges est située à la limite sud du domaine royal, à la frontière avec l'Aquitaine qui était alors une possession anglaise. Elle représentait donc une grande importance pour le prestige du roi de France et de l'archevêque, c'est pourquoi une construction de grande envergure fut décidée.
Infos pratiques
Cathédrale Saint Etienne
Place Etienne Dolet, 18000 Bourges
Tél : 02 48 23 02 60.
Horaires d’ouverture
Cathédrale : Avril à septembre : 9h-19h. Octobre à mars : 9h-17h45.
Crypte (uniquement en visite guidée) : 5 visites par jour de 10h à 17h30.
Les visites commentées de la cathédrale Saint Etienne
Visite "Cathédrale et ville médiévale" (durée : 2h)
Tarif plein/ réduit : 8 €/ 6 €. Renseignements auprès de l’Office de tourisme.
Visite de la cathédrale (durée : 1h30)
Tarif plien/ réduit : 7 €/ 5 €.
Architecture
Architecture de la cathédrale Saint Etienne
Le pari architectural, sans transept, est osé mais c'est ce qui contribue à l'effet d'unité de l'espace et la rend unique, simple et harmonieuse. Saint-Étienne est considérée par ses dimensions exceptionnelles comme un sommet de l’architecture gothique : 118 mètres de long, 41 de large et 37 de hauteur sous la voûte de la nef centrale. Tout en prenant pour référence la cathédrale Notre-Dame de Paris, les bâtisseurs innovent pour exprimer la puissance des Capétiens sur le sud de la France et assoir l'autorité de l'archevêque de Bourges qui avait le titre de Primat d'Aquitaine et dont l'autorité, bien que contestée, s'étendait jusqu'à Bordeaux. L’absence de transept, les cinq nefs auxquelles correspondent les cinq portails extérieurs et le double déambulatoire, caractérise l’évolution novatrice du « maître de Bourges ».
Contrairement à d'autres cathédrales de la même période, la cathédrale de Bourges ne s'appuie pas sur l'édifice antérieur mais a été totalement reconstruite en raison du délabrement de l'ancienne cathédrale romane. La construction débute par le chevet dans le style gothique classique émergeant à cette époque. Il s'appuie sur le fossé du rempart gallo-romain grâce aux soubassements qui forment l’église basse. Cette dernière est reliée à la crypte romane cruciforme, seul vestige de l’ancienne église.
Le plan de la cathédrale, de forme basilical, comporte des chapelles entourant la nef, deux nefs latérales ainsi qu'un double déambulatoire. La composition pyramidale de l'élévation et l'audace de la double-volée d'arc-boutants correspondent à la recherche des effets de perspective et de fusion des volumes dans l'espace intérieur. C’est ce qui donne cette impression de légèreté du chœur. L'architecte inconnu de la cathédrale a cherché à donner une ampleur impressionnante à l'élévation permettant une meilleure luminosité comparée à celle de la cathédrale de Paris.
Extérieur
La façade de la cathédrale, large de 41 m, est composée de cinq portails, ce qui est unique pour une cathédrale gothique en France. Ils correspondent exactement aux cinq nefs (nef centrale et double collatéraux). Le portail central est un chef-d'œuvre de l'art gothique du XIIIe siècle. Réalisé en 1240, il relate le Jugement Dernier dans une magnifique fresque sculptée.
La façade est ornée de nombreux bas-reliefs relatant la vie du Christ et la Genèse. Elle est dominée par les deux tours, la "tour sourde" (au sud, inachevée) et la "tour de beurre" (côté nord). Au centre, la verrière appelée « le grand housteau » est ajoutée au XIVe siècle grâce à un don du duc Jean de Berry.
Les portails de la façade
Le portail central : le Jugement Dernier
Le tympan est dominé par le Christ majestueux et accueillant. Représenté torse nu, ce qui est très rare. Au-dessus de lui le soleil et la lune sont portés par deux anges. Quatre anges portent les instruments de la Passion. La Vierge et Saint Jean implorent.
En dessous, l'archange Saint-Michel pèse les âmes des élus (à sa droite) et des damnés (à sa gauche) de son sourire à l'expressivité subtile qui n'est pas sans rappeler l'ange au sourire de la cathédrale de Reims. Chez les élus on reconnaît Saint-Pierre avec ses clefs a côté d Abraham (tout à gauche) figurant le ciel. De l'autre côté est représenté l'enfer avec ses diables et créatures. Remarquez le désordre et le chaos exprimés, contrairement au paradis où tout est bien ordonné. Au registre inférieur est illustré la Résurrection, les hommes et les femmes sortent de leur tombeau.
Les six voussures encadrant le tympan sont composées (de la plus proche à la plus éloignée) de 12 anges, puis de 14 saints, de 16 confesseurs, de 18 martyrs, de 20 rois ou prophètes.
Au sommet du portail, autour de la petite rose à 8 pétales, un deuxième jugement a lieu : le Christ juge Marie et Saint Jean.
Avec celles des portails nord et sud, ces sculptures sont sans doute l'un des plus beaux témoignages de l'art des XIIe et XIIIe siècle.
Les autres portails, de gauche à droite
Le portail Saint Guillaume (XVIe siècle)
Dédié à Saint Guillaume, archevêque de Bourges lors de la construction de la cathédrale, il fut détruit en même temps que la tour nord en 1506 puis reconstruit autour de 1515. On le voit assis sur la droite. Il reçoit cinq personnages qui semblent importants et riches. Peut-être s'agit-il de précieux donateurs qui permirent la réalisation de la cathédrale. Ils sont eux-mêmes suivis par quatre personnages dont on ne sait s'ils viennent demander de l’aide ou participer à l'édification de la cathédrale. Au-dessus sont illustrés des miracles réalisés par Saint Guillaume (guérison). Au sommet un démon luttant avec un homme s'enfui lorsque l'archevêque intervient, il se transforme en loup. Dans les voussures sont figurés des anges, dans anges musiciens et des évêques. Sur le trumeau est représenté Saint Guillaume.
Le portail de la Vierge (XVIe siècle)
Endommagé également lors de la chute de la tour, il est dédié à la vierge Marie. Des scènes de sa vie sont illustrées : la Dormition et l'Assomption. Tout en haut du tympan le Christ, entouré d'anges, couronne lui-même sa mère.
Le portail Saint Etienne
La lecture se fait de gauche à droite. Ce portail est consacré au premier martyr chrétien à qui est dédié la cathédrale. On y voit la consécration d'Étienne et de six autres diacres, évangiles à la main. Au-dessus, Étienne prie à genoux alors qu'il est lapidé. Les voussures sont composées d'anges et de prophètes.
Le portail Saint Ursin
Ce portail est dédié au premier évêque de Bourges. La lecture se fait de gauche à droite et de bas en haut. Ursin et Just sont envoyés en mission par un pape. Just meurt, il est enterré par Ursin. Au-dessus, la cathédrale est consacrée. Tout en haut est représenté le baptême de Léocade et de son fils Ludre. Les voussures qui encadrent le tympan sont composées d'anges, de confesseurs, de diacres et de prophètes.
Les porches sud et nord
Les deux portails latéraux des façades nord et sud sont des réemplois des portails de la cathédrale romane précédente. Ils datent de 1160. En l'absence de transept, les architectes ont peut-être souhaité des portails plus sobres que ceux de la façade.
Portail de la façade sud
Le Christ est représenté en majesté tenant le Livre de la Parole. Il est entouré des symboles des quatre évangélistes. Au linteau sont représentés les 12 apôtres. La première voussure est ornées d'anges. Sur la voussure extérieure, à gauche, la Vierge couronnée est surmontée des quatre évangélistes et a droite Saint-Joseph est surmonté de quatre prophètes. Les personnages sculptés des ébrasements représentent des personnages l'Ancien Testament. La statue de Saint Étienne représentée comme témoin de la parole (symbolisée par le livre), daterait de la fin du XIIIème siècle. Il est également présent sur le trumeau.
Portail de la façade nord
Une Vierge à l'Enfant domine le portail. On y voit l'arrivée des rois mages, ainsi que des scènes de l'Annonciation et de la Visitation. Ce portail fut gravement endommagé lors de la prise de la ville par les protestants en 1562.
Les tours
Tour nord et crypte de la cathédrale
Place Etienne Dolet, 18000 Bourges
Site internet - Tél : 02 48 65 49 44.
Tour nord + crypte : tarif plein/ réduit : 8 €/ 6,50 €. Gratuit pour les – 26 ans ressortissants de l’UE ou – 18 ans (hors UE).
Billet jumelé tour et crypte de la cathédrale de Bourges + palais Jacques Cœur :
Tarif plein/ réduit : 12 €/ 9 €. Gratuit pour les – 26 ans ressortissants de l’UE ou – 18 ans (hors UE).
Ouvertes tous les jours excepté le dimanche matin :
Octobre à mars : 9h30-11h30/ 14h-16h45.
Avril et septembre :10h-11h45/ 14h-17h30.
Mai à août : 9h30-11h30/ 14h-17h45.
La Tour sud, dite la « Tour sourde » parce qu'elle n'a jamais reçu de cloches en raison de sa fragilité, est soutenue par un pilier qui lui sert de contrefort. Elle ne se visite pas.
La Tour nord, dite « Tour de Beurre » est reconstruite en harmonie avec la façade gothique après son effondrement en 1506. Elle est achevée en 1542. Elle a été surnommée « tour de beurre » en raison de la nature de son financement : des dispenses de jeûne sont alors accordées contre une taxe sur la consommation de beurre. La terrasse de la tour, qui culmine à 66 m de hauteur, est accessible au bout de 396 marches. Elle offre un panorama exceptionnel sur la cathédrale, la ville et les plaines du Berry.
Intérieur
Visite de l'intérieur de la cathédrale Saint Etienne de Bourges
Dès l’entrée dans l’édifice, on est saisi par les volumes qui diffusent une lumière douce et par la profonde perspective de la nef centrale et de ses collatéraux sans rupture en l'absence de transept. Cette architecture originale laisse une impression d'unité unique, que l'on ne retrouve dans aucune autre cathédrale gothique de cette époque.
Les vitraux
Les vitraux de la cathédrale de Bourges sont d'une exceptionnelle qualité, même s'ils ne sont pas équivalents à ceux de Chartres. Un certain nombre d'entre eux datent du début du XIIIe siècle et se répartissent sur trois hauteurs autour du chœur. Leur teinte laisse passer une lumière douce et colorée en accord avec la volonté des architectes et des artistes de l'époque de baigner la représentation de la Jérusalem céleste (cathédrale) d'une lumière divine et sacrée. Le jeu des volumes intérieurs et de la lumière commande la conception de l'ensemble.
La lecture se fait de gauche à droite et de bas en haut. Les thématiques illustrées sont celles du Christ du Jugement Dernier, de la Passion et de l'Apocalypse, de la Vierge et de Saint-Étienne, des corporations de métiers, des scènes de l'Ancien et du Nouveau Testament, de la vie des saints et des martyrs, des archevêques de Bourges, des prophètes et des apôtres. Ces « livres de lumière » illustrent l’enseignement de l’Église.
Du XVe au XVIIe siècle, les vitraux des chapelles latérales sont commandés par des familles de notables de la ville. Le plus remarquable est sans aucun doute celui de l'Annonciation situé dans la chapelle de Jacques Cœur (chapelle Saint Ursin).
Ainsi la cathédrale abrite des vitraux du XIIIe jusqu'au XVIIe siècle qui permettent de voir l'évolution de cet art.
Une partie des vitraux des chapelles sont dédiés à Saint-Jacques et au pèlerinage.
Dans la chapelle Sainte Anne ou chapelle des Tullier (première chapelle à droite en partant du portail sud), Saint Jacques avec son bâton de pèlerin est représenté dans une des lancettes avec Saint Pierre et Saint Jean.
La chapelle Saint Ursin ou chapelle Jacques Cœur, du nom de son donateur (côté nord), réalisée au XVe siècle, est ornée du vitrail de l'Annonciation. Il s'agit d'un des chefs-d'œuvre de l'art du vitrail au XVe siècle. Saint-Jacques est reconnaissable grâce à son bâton de pèlerin.
Pèlerinage Saint Jacques de Compostelle
Association des Amis de Saint Jacques de Compostelle en Berry
4 Rue Louis Billant, 18000 Bourges
Tél : 02 48 65 82 32 après 20h.
Le jubé
Le jubé représente la frontière entre la nef, accessible aux fidèles, et le chœur, réservé au culte divin. Il marque le passage du monde profane au monde sacré. Édifié aux environs de 1250, sa statuaire illustre la Passion et la Résurrection du Christ. Au cours des Guerres de religion, les sculptures furent fortement endommagées. Il fut finalement supprimé en 1758 par les chanoines. Entre la fin du XIXe et le début du XXe siècle de nombreux éléments des parties supérieures du jubé furent découverts lors des restaurations. Une partie de ces sculptures est désormais visible dans la crypte.
Le grand Orgue
Le buffet, en chêne sculpté, date de 1663 mais l’instrument actuel fut construit en 1985. Il est équipé de 50 jeux et plus de 3400 tuyaux. Tous les mardis d’été, le festival « Les Très riches Heures de l’Orgue en Berry » organise des concerts prestigieux.
L’Horloge astronomique
L'horloge astronomique fut réalisée en 1424 par le chanoine mathématicien Jean Fusoris. D'une remarquable précision, elle comporte deux cadrans. Celui du haut indique les heures et les minutes tandis que celui du bas, d'une complexité rare, indique les cycles lunaires, la hauteur du soleil et les signes du zodiaque. Autrefois placée au-dessus du jubé, elle est aujourd'hui visible dans les premières travées de la nef, côté sud. Dotée de mécanismes aussi complexes qu’extraordinaires, elle possède une précision d'une seconde pour 150 ans.
Crypte
Place Etienne Dolet, 18000 Bourges
Site internet - Tél : 02 48 65 49 44.
Crypte + tour nord : tarif plein/ réduit : 8 €/ 6,50 €. Gratuit pour les – 26 ans ressortissants de l’UE ou – 18 ans (hors UE)
Billet jumelé tour et crypte de la cathédrale de Bourges + palais Jacques Cœur :
Tarif plein/ réduit : 12 €/ 9 €. Gratuit pour les – 26 ans ressortissants de l’UE ou – 18 ans (hors UE)
Ouverture uniquement en visite guidée : 5 visites par jour de 10h à 17h30.
La crypte gothique
La crypte ou église basse fut édifiée au début de la construction de la cathédrale autour de 1195 en prenant appui sur le rempart gallo-romain et le fossé situé à l'extérieur. Elle fut réalisée pour pouvoir accueillir les dimensions de la nouvelle cathédrale, bien plus longue que l'ancienne cathédrale romane. Ce soubassement est situé sous le chœur de la cathédrale. On y accède par la galerie nord. La salle principale, la rotonde, est entourée d'un déambulatoire intérieur et d'un autre extérieur éclairé par plusieurs baies décorées de vitraux du XVe siècle. On y trouve les tombeaux des archevêques de Bourges depuis deux siècles. Vous remarquerez au sol le dessin gravé de la rose qui orne la façade de la cathédrale. Il ne s'agit pas là d'une reproduction mais bien du patron (l’épure) de la rose car la crypte servait d'atelier aux tailleurs de pierre.
Le tombeau du Duc Jean de Berry
La crypte renferme également le tombeau du duc Jean de Berry (1340 - 1416), frère du roi Charles V et grand mécène. Le gisant du duc prenait place dans la Sainte-Chapelle jusqu'en 1757, avant sa destruction. Le tombeau est en marbre blanc incrusté de marbre noir. On y voit le duc en tenue d'apparat, couronné, les pieds sur un ours enchaîné. Ce tombeau était également entouré de 40 pleurants dispersés à la Révolution mais dont certains sont visibles au musée du Berry. Une copie du tombeau est également visible au palais Jacques Cœur.